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De l’afrocapitalisme au mondes de demain

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L’impasse de l’AfroCapitalisme

Chère soeur, cher frère, c’est la désolation qui nous amène. La vérité est que nous sommes à bout de souffle. Comme cette foutue économie. Eux, les afro capitalistes que l’on voit tête baissée, concentrés sur les indicateurs de leur petit monde, de leurs parts de marché. Ils sont nécessairement monétaires, financiers, chiffrés et tangibles. En tout cas ils ne croient qu’en ces choses-là. L’avenir c’est eux qui le construit entend-on dans les médias, surtout les plus mainstream. Leur objectif? Coffrer un max et “être libre” de faire ce que tu veux. La liberté est chaque jour un peu plus acquise, chaque jour cette quête de liberté les éloigne du quotidien routinier, elle les éloigne aussi du monde réel. Libres, mais trop occupé à le devenir encore plus n’est-ce pas? Le temps étant de l’argent, ils l’utilisent pour leur business quasi exclusivement. Le reste, l’afrocapitalisme l’appelle sacrifices: famille, amis, culture, loisirs…la prime est à l’endurance, la compétition est féroce. Est-ce un modèle de société? Ce modèle est-il réplicable à une grande partie de la société? La réponse est dans la question. L’entrepreneuriat est un moyen de désengorger les classes de chômeurs, ce n’est pas une fin en soi.

Ils font du moyen (argent) une fin en soi, ce qui mène au non sens. On pourrait nous rétorquer que les entrepreneurs les plus innovants ne le font pas pour l’argent. C’est vrai. C’est aussi minoritaire, comme toute innovation. Cela étant dit en résolvant parfois de petits soucis locaux sur le continent (accès à l’energie par exemple ou agriculture) on peut rapidement gagner de l’argent. C’est beaucoup moins vrai en occident d’où nous vous écrivons. Leur logiciel est trop souvent périmé, basé sur des succestory des années 80 ou pire encore sur les vendeurs de rêve de Youtube. Pourquoi? Parce que les méthodes et les mentalités qui ont amené les capitalistes d’hier à être les champions de leur domaine sont désormais caduques pour la plupart. En contexte d’urgence climatique cela questionne d’autant plus. Mais rassurons les, le non sens frappe à notre porte aussi malheureusement.

L’impasse d’une candide conscientisation

Black Power
Credit image: Ace Spencer

Le militantisme façon papa c’est terminé. La révolution n’aura pas non plus lieu sur wordpress, nous le savons. Nous avons besoin de réinventer une manière de résister à la dictature néolibérale du marché. Consommer moins inutilement, consommer mieux, consommer local et communautaire  autant que faire se peut est notre crédo. Ce n’est pas une mode, ce sont les conditions de la préservation de notre espèce. La survie de l’Humanité étant en question, beaucoup d’entre nous font une dissociation cognitive lorsqu’on leur évoque cet ultimatum. Nous ne saurions leur ressembler, notre mission est également écologique. Pourtant nous ne faisons que rarement le lien entre nos causes communautaire et cette urgence écologique. Pourtant notre mode de vie est traditionnellement respectueux de la nature. Là où nous devrions être les fers de lance d’une approche qui ressemble à ce que nos ancêtres pratiquaient, pour le bien commun de tous, là où nous devrions être les éducateurs du monde, nous regardons ailleurs et ne prenons pas part au débat. Il faut dire, aussi, qu’on en est exclu la plupart du temps, car nos oppresseurs sont les mêmes qui mettent la planète à feu et à sang. Pourquoi voudraient-ils subitement nous entendre? Afrocapitaliste, pourquoi t’allier à eux?

Vers l’économie de demain

Notre approche “humaniste” du monde est ancrée dans le terme intraduisible d’Ubuntu. Nous n’existons que parce que l’autre existe. Nous sommes les instigateurs de l’économie circulaire, des tontines, des levées de fond communautaires, des sociétés familiales et solidaires. Les stratégies développées par exemple par un Julius Nyerere vont dans le sens d’une économie dite socialiste, qui prend en compte les spécificité de la société Africaine (structure familliales, politiques sociales, création de bassins d’emplois spécialisés etc.) au lieu de parler de non-économie ou bien d’économie informelle.


L’entrepreneuriat est un terme Français, mais l’origine de la pratique se situe là où les premiers humains ont développé le commerce, c’est-à-dire en Afrique. Ce qu’on appelle low tech, phytothérapie, musicotherapie, équithérapie etc. Ces concepts sont des appellations Françaises pour nos savoirs-faire multiséculaires. Reprenons pied, débarassons-nous de nos complexes et libérons la créativité qui fera décoller nos société et nos économies, ensembles, pas l’une contre l’autre comme le propose encore aujourd’hui le néolibéralisme. Cela signifie qu’il faut décoloniser notre imaginaire, également lorsqu’on parle d’économie; que l’on pense malheureusement comme étant une invention et une spécialité des autres. Comment décoloniser l’imaginaire si nos Afrocapitalistes ne misent que très peu sur l’innovation?

Imaginer l’école de demain

 

Le siècle en cours sera celui des emplois courts et diversifiés, de la formation tout au long de la vie, des changements de trajectoires, des adaptations multiples. La résiliance Africaine est notre plus bel atout envers l’ensemble des enjeux qui sont déjà les nôtres. Combien de nos parents ont eu des formations initiales totalement différentes de ce qu’ils ont exercé en occident? Combien ont dû apprendre sur le tas des choses parfois diamétralement opposées à leur formation de base? Combien d’entre nos freres et soeurs sur la terre mère on de multiples métiers: quelques fois ils sont à la fois peintre et mécanicien! Là où nous voyons actuellement un défaut de formation, voyons désormais une adaptabilité extraordinaire, une résilience incroyable. Chérissons nos qualités, allons sereinement vers ce futur si incertain, car si le chaos est trop souvent notre quotidien, nous sommes les plus à mêmes de tenir la route dans ces conditions, profitons-en.

Credit: Terricks Noah

Faisons de l’école Africaine de demain un lieu d’excellence, mais pas seulement, également un lieu d’inclusion où chacun sera pris en compte, chaque qualité valorisée, chaque compétence utile au plus grand nombre. Un endroit où nos enfants seront toujours plus autonomes (là encore l’autonomie des enfants Africains est un exploit sous-estimé), avec des savoirs qui sont proches d’eux, des professeurs qui sont proches d’eux, des programmes adaptés à leur réalité.

C’est un long combat, et Elimu est une initiative qui va vers la distribution massive d’armes de survie.

Ubuntu! On est ensemble!

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