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Comment Facebook, Instagram et Twitter ont aidé la police à cibler des activistes noirs ?

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L’ACLU (American Civil Liberties Union ou Union Américaine pour les Libertés Civiles) a annoncé mardi que Facebook, Twitter et Instagram ont accordé à la société Geofeedia, l’accès aux informations d’utilisateurs. Ces informations ont par la suite aidé les forces de l’ordre à surveiller et cibler les activistes noirs. De plus, des e-mails entre les forces de l’ordre et des représentants de Geofeedia ont révélé un « accès particulier » aux données des certains réseaux sociaux, faisant même référence à un « partenariat » avec Instagram et Facebook. En réponse à ces découvertes, les trois sites – Facebook, Instagram et Twitter – ont mis fin à l’accès que Geofeedia avait à leurs données.
 
Geofeedia est un outil de surveillance des réseaux sociaux basé sur la localisation, qui fournit des données en temps réel sur les usagers de réseaux sociaux au sein d’une zone spécifique. 
 
Comment fonctionne Geofeedia :
 
L’utilisateur sélectionne d’abord une zone à cibler :
 
 
 
Ensuite, Geofeedia va extraire toutes les activités des réseaux sociaux au sein de la zone ciblée.
 
 
 
Avec ces données, vous pouvez ensuite surveiller des mots-clefs spécifiques – et les personnes qui les utilisent – dans n’importe quel endroit. Des mots-clefs tels que « rassemblement », « protestation » ou « manifestation » peuvent être tracés, de même que des hashtags tels que #BlackLivesMatter ou #FreePalestine. Même les émojis sont pistés par le service. Les utilisateurs de Geofeedia ont un accès en temps réel à la localisation d’un usager des réseaux sociaux, son profil, et même les personnes employant des tags identiques à l’intérieur de la zone.
 
Comme cela a été dévoilé par l’ACLU, Twitter, Instagram et Facebook ont tous fourni à Geofeedia différents degrés d’accès à ces données, qui sont ensuite utilisées comme monnaie d’échange lors de négociations avec les forces de l’ordre. Il n’y a pas de chiffres exacts quant au nombre de personnes ciblées, mais une « étude de cas » a revelé que que la Police de Baltimore s’était servi de Geofeedia comme « outil d’enquête » suite aux manifestations liées à l’affaire Freddie Gray. 
 
Compte tenu de tous ces éléments, on comprend mieux pourquoi le BPD (Baltimore Police Department) a renouvelé son contrat avec Geofeedia quelques jours seulement avant les émeutes. 
 
Une autre étude a révélé que les forces de l’ordre ont utilisé des logiciels de reconnaissance faciale pour identifier quelques manifestants, grâce aux photos utilisées sur différents réseaux sociaux.
 
Nicole Ozer, Directrice des Politiques Technologiques et des Libertés Civiles de l’ACLU de Californie, a déclaré que actuellement que de plus en plus de postes de police utilisent Geofeedia (63 postes dans le seul état de Californie), et regrette le fait que peu de procédures soient mises en place pour alerter les utilisateurs de médias sociaux sur la manière dont leurs données sont employées :
 

« Il n’y a jamais eu d’avertissement public, de débat, ou du vote à propos de l’usage de cette surveillance invasive. Et aucune agence n’a présenté de politique d’utilisation qui limiterait la façon dont les outils seraient employés »

 
Le Washington Post rapporte que Geofeedia a fournit à 500 bureaux de police, des données de surveillance. Cette révelation ne fait que confirmer l’étroite collaboration de la société Geofeedia avec « plusieurs magistrats judiciaires » dans tout le pays. Un e-mail entre Geofeedia et la police mentionne qu’une fonctionnalité du produit a « couvert à l’échelle nationale Ferguson/Mike Brown avec succès ».
 
En réponse, Facebook, qui possède Instagram, a précisé que Geofeedia a seulement accès aux données que les personnes ont déjà rendues publiques :
 

« Notre politique interne impose des limitations à tout développeur utilisant les données provenant de la plateforme Facebook. Si un développeur utilise nos données [d’utilisateurs] d’une façon non autorisée, alors nous prendrons des mesures rapides, et pourrons mettre un terme à notre partenariat si cela s’avère nécessaire. »

 
Twitter a aussi également réagit à ce sujet, toutefois sans expliquer la nature exacte de la collaboration avec Geofeedia :
 

« Tenant compte des informations contenues dans le rapport de l’aclu, nous suspendons immédiatement l’accès commercial de Geofeedia aux données de Twitter. » 

Facebook et Twitter publient tous deux des rapports de transparence annuels détaillant à quelle fréquence ils communiquent des informations directement soit à la police, soit aux autorités fédérales. Cependant, des données exclusives extraites par une tierce partie tombent de toute évidence hors des requêtes officielles, laissant ainsi une zone d’ombre sur la « transparence » revendiquée par les deux entreprises.
 
Brandi Collins, directeur de campagne de l’Organisation de justice « Color of Change », dit dans une déclaration : 
 

« Facebook et en particulier Twitter ont construit leurs marques sur le dos des utilisateurs noirs. Les directeurs généraux Marck Zuckerberg et Jack Dorsey ont ouvertement courtisé des organisateurs du Mouvement Black Lives Matter, pour qu’ils emploient leurs plateformes. On est en droit de se questionner sur le bien-fondé d’une telle sollicitation, surtout lorsqu’on connait le rôle joué par les outils de surveillance des réseaux sociaux, lors des arrestations d’activistes noirs»

 
Dans des lettres conjointes à Facebook et Twitter, l’ACLU, le Centre pour la Justice des Médias et Color of Change ont appelé les deux entreprises à avancer de nouvelles réformes. Ils réclament une transparence plus exhaustive, et un audit des développeurs tiers, afin de garantir le respect de la vie privée des utilisateurs.
 
Le plus troublant dans cette histoire est le fait que Geofeedia n’est qu’une infime partie d’un Marché basée entièrement sur la surveillance de masse. Plusieurs autres applications utilisent un système de recherche semblable (filtres par mots-clefs, fonctionnalités de géolocalisation en temps réel…)
 
Il n’a pas encore été officiellement admis que ces différents services collaborent avec nos autorités pour une surveillance de masse, mais la discussion sur la vie privée et la crainte de dépassements policiers se poursuit.
 
 

Source : Fusion.net 

Traduit par la Team OJAL 

 
 
 
 
 
 
 
 

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